La parvovirose : Attention, virus ! Les jeunes les plus exposés

Apparue voici près de 40 ans, sous sa forme CPV-2, la parvovirose fit à l’époque des ravages parmi la gent canine. Si depuis, un vaccin efficace existe, les nouveaux-nés ou les chiots âgés de quelques semaines, peuvent ne pas être à l’abri du virus.

Parvo, quésako ?
A la fois grave et hyper contagieuse, la parvovirose a la plupart du temps pour conséquence une gastro-entérite de type hémorragique pouvant conduire à la mort du chien, en l’absence de soins tout aussi rapides qu’intensifs. Comme son nom l’indique, cette maladie est provoquée par un virus, connu sous le nom général de parvovirus canin de type 2 (CPV-2), virus ADN appartenant à la famille des Parvoviridae.

Une histoire récente
Jusqu’à la fin des années 70, le seul parvovirus connu chez le chien était le Canine Parvovirus de type 1 (CPV-1) qui s’avérait alors peu agressif pour l’espèce. C’est en 1978, qu’à la suite d’une mutation, apparut le CPV-2 qui provoqua la mort de milliers de chiens en Europe et en Amérique. Une situation pandémique des plus graves, qui conduisit à l’interdiction de toute exposition canine, jusqu’à ce qu’un vaccin efficace soit enfin trouvé. Le CPV-2 d’ « origine » s’est finalement éteint un peu plus tard, pour laisser place à trois souches bien distinctes CPV-2a (1979), CPV-2b (1984), et CPV-2c (2001). Bien que différents ces trois sous-virus ont pour conséquence des symptômes identiques et présentent de fait la même dangerosité pour le chien.

Comment frappe la parvovirose ?
La parvovirose se transmet le plus souvent par le léchage ou l’ingestion de matières fécales appartenant à un sujet lui-même infecté. On considère ainsi qu’un seul gramme de selles peut contenir jusqu’à 10 milliards de parvovirus, susceptibles de contaminer à leur tour plusieurs milliers de chiens. Toutefois, cette maladie très contagieuse peut aussi se transmettre par voie respiratoire, par contact avec un sol maculé et être transportée par des objets souillés (semelles de chaussure, vêtements, etc…) ou plus simplement par le pelage des chiens eux-mêmes.

Un virus tout aussi éphémère que résistant
La parvovirose ne présente jamais d’aspect chronique. Quand il survit, le sujet atteint n’exècre plus le virus au bout de deux semaines. Mais, l’extrême résistance de celui-ci en milieu extérieur – de 3 à 8 mois selon les conditions – favorise la propagation de la maladie malgré l’absence de sujets dits porteurs.

Qui touche-t-elle ?
La parvovirose est une pathologie qui peut toucher tous les chiens sans distinction, ni de race, ni d’âge dès lors qu’ils ne sont pas vaccinés. Mais au final, ce sont les chiots en élevage âgés d’environ 6 à 16 semaines qui sont le plus fréquemment exposés. A cette période, dite critique, le taux d’anticorps transmis par la mère commence à chuter, n’offrant plus la protection nécessaire. Mais il reste suffisamment élevé pour empêcher l’efficacité d’un protocole vaccinal (à noter qu’il n’existe pas de forme de transmission de la génitrice au fœtus via le placenta). La mortalité s’avère donc très importante (env. 50%) chez les chiens âgés de moins de 6 mois touchés par le parvovirus. Si les adultes semblent mieux résister, non vaccinés ils peuvent néanmoins être sévèrement atteints, et l’issue devenir tout aussi fatale.

Deux attaques ciblées, l’une courante, l’autre moins
Si le plus souvent, le virus se fixe dans un premier temps, au niveau du pharynx et des amygdales, il se diffuse au bout de quelques jours, par voie sanguine, à l’ensemble de l’organisme. Chez les chiots justes nés, il va s’attaquer en priorité aux cellules du cœur, mais cette forme reste relativement rare, dans la mesure où le jeune spécimen est normalement protégé par les anticorps contenus dans le lait maternel, sous condition que la lice soit bien entendu vaccinée. A contrario, chez les sujets de plus de 4 semaines, CPV-2 prend plutôt pour cible l’intestin y provoquant d’importantes lésions. D’où le nom de gastro-entérite hémorragique.

Quand s’inquiéter ?
C’est après une période d’incubation de 4 à 7 jours que se manifestent les premiers signes cliniques. Abattement, anorexie, refus de boire sont rapidement suivis de vomissements mousseux et d’intenses diarrhées hémorragiques, associés à des douleurs abdominales. Apparaît alors une déshydratation, et une déficience du système immunitaire conduisant en moyenne à la mort d’un chiot sur deux.

Confirmer le diagnostic
Si ces symptômes sont suspects de la parvovirose, le diagnostic doit toutefois être confirmé par certains tests complémentaires ; une diarrhée hémorragique pouvant être la conséquence d’autres pathologies. Un test rapide réalisé sur un écouvillonnage rectal, ou un prélèvement de selles, permet de mettre en évidence la présence du virus. Si ce test s’avère négatif, en dépit d’une forte suspicion, une analyse de sang destinée à chiffrer les globules blancs deviendra nécessaire. Associé à une diarrhée hémorragique, l’absence ou un faible taux leucocytes, s’avère souvent synonyme de parvovirose.

Soigner quand c’est possible
La parvovirose étant une maladie virale, il est par conséquent difficile de parler de traitement spécifique efficace, destiné à éliminer le virus de l’organisme. Certes, il existe un antiviral à base d’interférons, permettant d’atténuer la mortalité et les signes cliniques, mais ce protocole est rarement mis en place du fait de son coût relativement élevé. L’élimination du virus doit donc, le plus souvent, se faire par le système immunitaire lui-même. Des soins, visant à réduire de manière significative les symptômes, sont néanmoins impératifs. En général une hospitalisation, avec mise sous perfusion, s’impose afin de réhydrater le sujet, et lui administrer anti-diarrhéiques, anti-vomitifs mais aussi parfois antibiotiques pour lutter contre un éventuelle surinfection bactérienne. Des pansements gastriques venant compléter le traitement.

Prévenir par la vaccination
La première prévention consiste évidemment à vacciner (vaccin groupé CHP maladie de Carré, hépatite, parvovirose) le chiot dès l’âge de 8 à 10 semaines. Il s’agit d’un vaccin vivant atténué offrant une protection contre les souches CPV-2, CPV-2a, CPV-2b, et CPV-2c. Deux injections à un mois d’intervalle, suivies d’un rappel annuel sont nécessaires. Si nul ne peut remettre en cause l’efficacité de ce vaccin, reste toutefois la période critique que nous évoquions plus tôt, à savoir ce laps de temps durant lequel le chiot n’est plus protégé par les anticorps maternel, et pas encore pas l’injection. Aussi, tant que le chiot n’a pas atteint l’âge d’être potentiellement couvert, faut-il prendre un certain nombre de mesures.

Quelles précautions prendre ?
Il faut, dans la mesure du possible, éviter que le chiot que vous venez d’acquérir soit en contact avec d’autres chiens, ou se promène dans des lieux fréquentés par ses congénères, tant qu’il n’a pas atteint l’âge permettant une vaccination efficace. De la même façon, l’hygiène du sol du chenil doit être rigoureuse. Rappelons que le parvovirus peut subsister plusieurs mois en milieu extérieur, et résiste à nombre de désinfectants. Introduire un jeune sujet dans un box, contaminé, quelques semaines ou mois plus tôt, représente par conséquent un risque potentiel. A ce jour, l’une des meilleures solutions consiste à nettoyer les sols à base d’une solution d’eau de Javel diluée à 5%, et de laisser agir au moins 10 mn avant de rincer. Enfin, nous ne saurions trop vous conseiller de ramasser les déjections canines dans votre jardin.

Quels risques pour le maître ?
Bien qu’il existe un parvovirus pathogène pour l’être humain, CPV-2 n’est pas une zoonose. Comprenez par là qu’il n’existe aucun risque de transmission du chien vers l’homme.

Que dit la loi ?
Dans le cadre de l’achat d’un chiot, il existe 6 pathologies dont celui-ci doit être exempt lors de la cession. Parmi celles-ci, la parvovirose. Ces vices rédhibitoires, régis par la loi du 22 juin 1989, permettent à l’acquéreur d’exiger le remboursement du chien en échange de sa restitution. Pour le parvovirus le délai de suspicion est de 5 jours, d’où l’intérêt d’effectuer un bilan vétérinaire dès l’acquisition. Quant au délai d’action devant le tribunal d’instance, il s’élève à 30 jours.

Christophe AUBIN