10 points pour qu’il soit au top !
A l’heure où vous lirez ces lignes, nombre d’entre vous commenceront déjà à se préparer pour le jour tant attendu de l’ouverture. Validation du permis, réapprovisionnement en munitions, vérification des armes, achat éventuel de nouvelles tenues vestimentaires, etc… En chasseur aguerri, vous n’oublierez rien, c’est certain. Mais qu’en est-il de votre auxiliaire ? Sera-t-il prêt pour le jour J ? De sa préparation physique à son équipement, tout ce à quoi il faut penser le concernant.

1.Qui dit sport, dit entraînement
Aligner d’amples lacets en plaine pour bloquer rouges ou grises ; s’enfoncer au cœur d’un roncier pour faire gicler un jeannot ; courir de grandes pâtures pour forcer un capucin à la ligne, sont autant de situations qui nécessitent une parfaite forme physique de votre auxiliaire, aussi bien sur le plan squelettique que musculaire. D’autant que, selon le biotope et le gibier recherché, il ne parcourra pas moins de 80 à 100 km le jour de l’ouverture. Votre chien se doit donc d’être un véritable athlète. Mais, il est fort à parier que les longs mois de repos, liés à l’intersaison, lui aient fait perdre tout ou partie de sa condition. Or, soudain, vous allez lui demander de déployer une activité physique intense.
Une reprise aussi brutale pourrait avoir de fâcheuses conséquences tant au niveau des muscles que des ligaments. A l’instar d’un sportif, votre compagnon doit donc impérativement s’entraîner avant d’entrer en scène. Rétablir sa condition, augmenter sa masse musculaire, et lui redonner du souffle sont les points essentiels qu’il est nécessaire de travailler, près de deux mois avant l’ouverture. Cette préparation passe essentiellement par une alternance de séquences de marche, de trot, puis de course. Plutôt que de longues sorties à intervalles irréguliers, privilégiez un rythme si possible journalier. La remise à l’effort devant être progressive, on commencera par des ballades d’une dizaine de minutes pour au final aboutir à près d’une heure d’entraînement. Rappelons toutefois que, d’un point de vue réglementaire, tout type de vagabondage reste interdit. Il est donc la plupart du temps impossible de laisser son chien quêter librement en dehors de la période de chasse. Dans ce cas, vous serez contraint d’utiliser la laisse pour faire marcher et courir votre auxiliaire. N’y voyez pas un inconvénient, mais au contraire deux avantages. D’abord celui de favoriser votre propre remise en forme, et enfin de développer une indispensable complicité avec votre compagnon.
2.Côté régime
Pas question de faire de son chien un athlète sans un régime alimentaire approprié. Si tout surpoids doit évidemment être évité, il ne faut pas que votre auxiliaire soit pour autant trop maigre. Il doit en effet pouvoir puiser dans ses réserves et nécessite donc une nourriture adaptée à son travail d’endurance. L’énergie étant fournie en grande partie par les lipides (environ 80%), et pour moindre part par les glucides (environ 20%), l’augmentation portera essentiellement sur les graisses et la qualité des protéines. On veillera également à accroître l’apport en sels minéraux (calcium, phosphore, potassium) ainsi qu’en vitamines. En tout état de cause, l’alimentation devra être en corrélation avec l’effort demandé au sujet (nombre de sorties hebdomadaires, biotope, gibier chassé…), son poids, son âge et devra aussi tenir compte d’éventuelles pathologies. Les fabricants de croquettes ont, ces dernières années, multiplié les recettes de manière à répondre aux besoins du plus grand nombre. Votre vétérinaire ne manquera pas de vous conseiller le produit le mieux adapté à l’état physiologique et à l’activité de votre chien. Enfin, pour éviter tout risque éventuel de torsion de l’estomac – phénomène qui touche essentiellement les grandes races – prévoyez un intervalle d’au moins 3 heures entre la dernière ration et le départ pour la chasse.
3.Lapréparation « psychologique » du jeune chien
Agé de quelques mois, votre nouvel auxiliaire va débuter sa toute première saison de chasse. Il risque ainsi de rencontrer de nombreux éléments, jusqu’alors inconnus, et qui ne manqueront pas de le surprendre. Aussi, est-il impératif de lui faire découvrir ces nouveautés avant le jour J. Au cours des promenades n’hésitez pas à multiplier la variété des biotopes plaine, forêt, marais, et à lui faire côtoyer des animaux domestiques (moutons, vaches, chevaux…) de façon à éviter tout blocage et lui faire prendre confiance. De la même façon un lièvre s’arrachant soudainement de son gite, ou le cri perçant d’un faisan prenant son envol peuvent déconcerter le jeune sujet. Il s’avère donc préférable de le mettre préalablement en présence de gibier. Si, vous ne disposez pas d’un territoire vous permettant un tel exercice, rapprochez-vous d’un dresseur disposant d’un parc à gibier. Ce sera aussi l’occasion d’habituer votre élève au coup de feu.4
4.Révisez les bases
Après plusieurs mois d’inactivité cynégétique, il est possible que les sujets les plus passionnés, pressés d’en découdre, échappent quelque peu au contrôle de leur conducteur. Nous ne saurions donc trop vous conseiller de remémorer à votre auxiliaire quelques règles élémentaires. On profitera des sorties de remise en forme pour retravailler la marche en laisse, ainsi que les indispensables positions « assis » et « down ». Ceux qui auront la chance de pouvoir laisser évoluer librement leur chien pourront parfaire le rappel, le rapport à l’aide d’un apportable, ou encore l’arrêt en utilisant un simple pigeon domestique. Enfin, pour les individus les plus fougueux, un bref séjour chez un dresseur professionnel pourra, le cas échéant, ne pas être superflu.
5.Chaud devant !
Qu’il s’agisse des séances estivales d’entraînement, ou du jour de l’ouverture, il est fort probable que votre auxiliaire soit contraint d’évoluer sous des températures relativement élevées. Privé de glandes sudoripares le chien ne transpire pas, et assure sa régulation thermique par sa seule respiration. La combinaison de ces températures et d’un effort soutenu peuvent provoquer ce qu’on appelle couramment un « coup de chaleur ». Phénomène dont il faut nullement négliger la gravité, car pouvant se traduire par une intoxication de l’organisme voire, dans les cas extrêmes, par un arrêt cardiaque. A titre préventif, pour qu’il puisse suffisamment se ventiler et maintenir sa température corporelle, il vous faut donc hydrater régulièrement votre partenaire. Gare toutefois aux eaux stagnantes qui peuvent éventuellement être polluées par des produits toxiques (pesticides, désherbants, huile de vidange…), et contenir de nombreuses bactéries. Si une gastroentérite n’est pas réellement grave en soi, votre chien peut par ingestion d’eau contracter des maladies beaucoup plus sérieuses, telle la leptospirose transmise par l’urine de certains mammifères. Aussi, est-il préférable de toujours emmener avec soi une bouteille d’eau fraîche afin d’abreuver à satiété son chien. Petite astuce : un vieux ballon coupé en 2, puis aplati au fond de votre poche pourra faire office d’écuelle improvisée, légère et peu encombrante.
6.Gare aux pieds !
Sols rocailleux, chaumes de blé, ronciers, domaine maritime (coquilles) sont autant de terrains agressifs qui vont mettre à rude épreuve les pieds du chien. Afin de lui éviter toute souffrance inutile, il est conseillé d’effectuer un traitement préventif à l’aide d’un produit tannant destiné à renforcer les coussinets. Appliquées régulièrement au cours des semaines précédant l’ouverture, ces solutions à base d’acide picrique diminuent de façon notable le risque de coupure. Pensez également à raccourcir, si nécessaire, les griffes de façon à éviter un éventuel retournement qui priverait votre chien de sortie. Enfin, à chaque retour, vérifiez bien les coussinets, mais aussi les espaces interdigitaux au creux desquels s’enfoncent souvent les épillets. Enlevez ceux-ci à l’aide d’une pince à épiler, et désinfectez les plaies éventuelles. Prises entre les poils, ces graminées ont la fâcheuse tendance à migrer sous les chairs et peuvent créer des abcès nécessitant une intervention chirurgicale, si elles ne sont pas traitées en temps et en heure.
7.Mieux vaut prévenir que guérir
Votre auxiliaire va évoluer dans un milieu sauvage, et va de fait se trouver en présence de nombreux acariens, bactéries et virus qui sont autant de dangers potentiels. Il est donc impératif que son carnet de vaccination soit à jour. Sans doute est-il même judicieux d’anticiper les rappels, et de réaliser les injections 2 à 3 semaines avant l’ouverture. De la sorte votre chien profitera de façon optimale d’un arc de défense biologique durant la saison. Ceci est d’autant plus vrai pour des vaccins de type inactivé, tels ceux contre la leptospirose et la piroplasmose, dont l’efficience n’est jamais garantie à 100%. Ces rappels seront par ailleurs l’occasion, pour le praticien, de faire un bilan rapide de l’état général avant le début de la saison cynégétique. La même remarque s’impose concernant le vermifuge qui devra être renouvelé peu de temps avant le jour J. Vous devrez enfin penser à protéger votre compagnon, contre les parasites externes, puces, tiques, phlébotomes, ou encore poux pour ne citer que ceux-ci. Tout un arsenal, collier imprégné, pipettes, spray existe pour lutter contre ces acariens qui peuvent être vecteurs de maladies dangereuses comme la piroplasmose, l’ehrlichiose ou la leishmaniose. De retour à la maison, inspectez de façon méticuleuse votre chien afin de le débarrasser d’éventuelles tiques, et autres corps étrangers (épines, épillets, graines de culture…). N’hésitez pas à renouveler le traitement de fond contre les parasites si besoin est.
8.Premiers soins
Immergé dans un milieu parfois hostile le chien de chasse peut se trouver confronté à des dangers divers et variés. Barbelés, plombs de chasse, piqures d’insectes, morsures de vipère, collisions avec une voiture, etc… sont autant de menaces potentielles qui nécessitent au plus vite l’intervention d’un vétérinaire en cas d’accident. Toutefois, pour des blessures bégnines, ou pour dispenser les premiers soins, il est judicieux d’avoir sous la main une trousse de secours. Sans vouloir dresser ici une liste exhaustive, celle-ci doit au minimum contenir un antiseptique, un nécessaire à pansements (compresses, bande Velpeau, ciseaux, sparadrap…), un médicament antihémorragique, éventuellement des agrafes et un crochet pour enlever les tiques. Pour qui le souhaite, on peut ajouter un aspi-venin, mais force est de constater qu’il est souvent difficile de trouver trace d’une morsure de vipère sur une peau recouverte de poils. Au moindre doute, l’unique solution consiste donc à rafraîchir votre auxiliaire et à le conduire au plus vite chez un praticien. Aussi, gardez toujours sur vous le numéro de téléphone du cabinet vétérinaire le plus proche. Vous pourrez ainsi prévenir de votre arrivée, et faire un descriptif succin du problème, de façon à ce que la prise en charge soit immédiate si nécessaire.
9.Pour ne pas le perdre
L’identification des chiens étant désormais obligatoire, votre compagnon devra impérativement être équipé d’un transpondeur électronique ou/et être tatoué pour évoluer sur le sol français. Cela permettra d’identifier son propriétaire s’il venait à se perdre. Pour qui viendrait à voyager hors de nos frontières accompagné de son auxiliaire, sachez que le tatouage ne suffit pas, et que seule la « puce » est reconnue. Aussi efficaces soient-elles, ces 2 méthodes ne doivent pas pour autant se suppléer à un mode d’identification immédiat : tube, médaille ou encore collier gravé, renseignant vos nom et numéro de téléphone. C’est sans nul doute la manière la plus efficace, et la plus rapide de reconnaître un propriétaire, pour qui retrouverait un sujet égaré. Notre préférence va néanmoins vers les colliers PVC gravés dans la masse, ou ceux en cuirs équipés d’un plaque métalliques. Les tubes à visser, et autres médaillons ayant en effet la fâcheuse tendance à s’accrocher dans la végétation, avant de s’arracher.
10.Quid de son équipement ?
Que ce soit pour son transport ou pour l’action de chasse, tout chien nécessite un équipement adéquat en parfait état. Avant le début de saison, vous devrez nettoyer et désinfecter votre remorque ou caisse de transport, et vérifiez que celles-ci ne présentent pas de défauts susceptibles de blesser votre auxiliaire. Au cours de vos sorties, vous aurez probablement à traverser des routes, des chemins communaux ou encore des prairies pâturées. Il vous faudra donc attacher votre chien. Assurez-vous donc de l’état des laisses et colliers, car l’humidité et le temps viennent parfois à bout des coutures ou des ressorts de mousqueton. Concernant la laisse, le modèle le plus approprié à la chasse est certainement celui dit de dressage qui se présente sous la forme d’un lasso. Il permet en effet de raccrocher au plus vite votre limier en cas de nécessité. Pour ceux qui utilisent un collier d’éducation ou de géolocalisation, n’omettez pas de le recharger ou de l’équiper de piles neuves, et bien évidemment de vérifier son fonctionnement. Pour les modèles à piles, notons qu’il est utile de changer régulièrement le joint de façon à conserver les propriétés d’étanchéité du récepteur.
Christophe AUBIN