Sauts, courses, bousculades, charges de sangliers, force est d’admettre que le corps de nos auxiliaires de chasse est fortement sollicité. D’autant que, la passion aidant, le chien dépasse souvent le seuil de douleur tolérable. L’ostéopathie permet d’accompagner votre compagnon afin que performances, et état de santé optimal soient au rendez-vous.

Le point avec un vétérinaire spécialisé en ostéopathie animalière.
Ostéopathie canine, c’est quoi ?
A l’instar de l’ostéopathie humaine, la canine est une médecine complémentaire manuelle et non douloureuse. L’un des principes fondamentaux de l’ostéopathie est l’unité de corps. L’ostéopathe considère en effet le corps comme un tout. Tout est lié dans l’organisme, tissus, muscles, ligaments, vaisseaux. Quand on induit une tension à un bout, elle se répercute tout le long de la chaîne, comme un train de dominos. L’ostéopathie a pour but de rééquilibrer la structure de l’organisme, de lever les restrictions de mobilité. Ce qui permet de stimuler les capacités d’auto-guérison du corps, autre grand principe de cette médecine alternative. Le travail de l’ostéopathe ne se limite donc pas à une action sur un seul et unique tendon, l’approche du patient étant toujours globale.
A quel maux l’ostéopathie canine s’adresse-t-elle ?
Les premières pathologies qui viennent à l’esprit sont évidemment celles qui affectent l’appareil locomoteur : boiterie, dysplasie, traumatismes, etc…Mais l’ostéopathie permet aussi d’intervenir sur de multiples affections chroniques qu’elles soient digestives, respiratoires, urinaires, hormonales, dermatologiques ou autres. Un verrou sur une vertèbre, l’occiput ou le crâne pouvant par exemple entretenir une gastrite. L’ostéopathie peut également être mise en place, suite à une opération chirurgicale car elle favorise la cicatrisation et redonne du mouvement aux tissus opérés. Enfin, cette médecine complémentaire est parfois utilisée pour traiter des troubles du comportement tels la peur, l’agressivité ou l’hyperactivité.
Comment se déroule une session ?
Elle a lieu dans le cadre d’un suivi avec votre vétérinaire traitant qui aura préalablement procédé aux examens cliques et complémentaires de votre chien. Après recueil des renseignements (antécédents, traitements en cours…), le praticien procède à une phase de diagnostic qui va de la truffe au bout de la queue : observation du déplacement, vérification des aplombs, palpations, test de mobilité. Ses mains écoutent à vrai dire le patient, l’histoire de ses tissus. Le vétérinaire ostéopathe définit ainsi une ou plusieurs chaines dysfonctionnelles. Puis, il traite ces lésions, ou tout au moins la plus importante – comprenez celle qui représente la cause de toutes les autres – par des procédés manuels, se voulant non douloureux. Il peut s’agir de techniques faciales, musculo-squelettiques, viscérales. Le choix de la méthode est en fait indiqué par le type de lésion, mais aussi par le patient : confort, réaction de l’animal.
Combien de séances sont-elles d’ordinaire nécessaires ?
Le nombre des séances est variable, selon la gravité et/ou l’ancienneté des dysfonctions, s’il s’agit de problèmes chroniques ou non, etc… Mais sachez qu’une séance permet souvent de lever la plupart des problèmes. Dans les cas les plus aigus, il peut néanmoins s’avérer nécessaire de planifier plusieurs visites. Outre ces actions curatives, je ne saurai trop conseiller à mes patients de consulter de temps à autre à titre préventif.
Qu’entendez-vous par ostéopathie préventive ?
Même si le dysfonctionnement n’est pas encore notable, il se peut qu’il soit déjà installé, et soit la cause de dommages collatéraux à venir. Il s’agit donc de détecter des déséquilibres avant l’apparition des symptômes. A titre d’exemple, une ou deux séances peuvent être pratiquées en période de croissance, histoire de constater que le chien ne rencontre pas de problèmes d’aplomb, et de tout remettre en ligne, si nécessaire, afin d’éviter toute pathologie ultérieure qui en découlerait sur la colonne vertébrale et les membres. De la même façon, pour les chiens sportifs, nécessitant endurance et compétences, en particulier les auxiliaires cynégétiques, une consultation d’avant saison peut s’avérer utile en vue d’améliorer les performances de terrain. Tout comme une séance post-saison, visant à tout recaler si besoin est. Même si chaque cas est unique, et nécessite un suivi particulier, mon conseil pour les chiens de chasse s’oriente vers 2 séances annuelles.
Y-a-t-il des contre-indications ?
Plusieurs scénarios sont en effet contradictoires avec un traitement via l’ostéopathie. La toute première contre-indication est lorsque l’animal souffre d’un traumatisme très aigu. Une douleur trop intense, ne met pas le chien en confiance, mais le plonge dans une situation d’inconfort incompatible avec une consultation. Aussi, est-il préférable de traiter préalablement la douleur, via des anti-inflammatoires, et d’attendre quelques jours avant de consulter l’ostéopathe. L’acte ostéopathique n’est pas non plus judicieux sur un animal très affaibli – souffrant par exemple d’une insuffisance rénale ou cardiaque – ou atteint d’un processus infectieux aigu. Car, l’ostéopathie amène le corps à puiser dans ses réserves d’énergie, et peut conduire de fait à une aggravation de l’infection et/ou de l’affaiblissement de l’état général. De la même façon, l’ostéopathie est incompatible dès lors que le chien est en phase cancéreuse active, car elle peut favoriser la revascularisation, et par conséquent le développement de la tumeur. Enfin, même si cela semble évident, l’ostéopathie ne doit pas être pratiquée, dès lors qu’elle est mal acceptée par le patient. Un chien peu coopératif, voire agressif, met en danger son propriétaire, le praticien et lui-même.
Vous pratiquez également l’acupuncture. Pouvez-vous nous éclairer sur cette autre méthode de traitement ?
Au même titre que l’ostéopathie, l’acupuncture est une médecine holistique qui vise à traiter le patient dans sa globalité, et non pour un seul symptôme. Issue de la médecine traditionnelle chinoise, l’acupuncture est une médecine complémentaire des traitements allopathiques, qui permet un rééquilibre via les méridiens. Sur ces méridiens se trouvent les points d’acupuncture, dont chacun va traiter spécifiquement tel ou tel organe, telle pathologie, localement ou à distance. L’acupuncture se pratique soit par pression des doigts, soit à l’aide d’aiguilles. Dans le cas de vertèbres fortement verrouillées, ou de vieux chiens très fatigués, ces aiguilles peuvent être chauffées avec des moxas, la chaleur étant source d’énergie. Pour moi les deux méthodes se superposent, raison pour laquelle j’utilise presque systématiquement l’acupuncture au cours des séances d’ostéopathie.
Pour conclure…
Ostéopathie et acupuncture ne peuvent se suppléer complètement à la médecine vétérinaire conventionnelle. Il faut les considérer comme des médecines alternatives, ou plus exactement complémentaires. Seul, l’ostéopathe ne fera que rarement des miracles. Mais, il peut contribuer au mieux-être de l’animal. En rétablissant au mieux tous les réseaux de circulation, il prépare l’organisme du patient à mieux se défendre.
Christophe AUBIN