Pérégrinations d’un chien baroudeur. Emmenez-le avec vous !

Un permis national bientôt à 200€ , une offre pléthorique de séjours petit gibier à l’étranger. Autant de raisons qui peuvent pousser le chasseur à évoluer loin de ses bases, en embarquant dans l’aventure son plus fidèle compagnon. Bien-être animal, obligations légales, ou encore coûts, tout ce qu’il faut savoir pour voyager avec son chien.

En voiture…Médor !
« Allez, hop ! ». Et de voir son fidèle compagnon, sauter dans le coffre, sur la banquette arrière, voire même sur le siège passager. Que vous alliez sur votre territoire, distant de seulement quelques kilomètres, ou que vous traversiez l’hexagone pour vous rendre à une invitation, savez-vous que le transport de votre plus fidèle compagnon, à bord d’un véhicule, se doit d’obéir à certaines règles ? Probablement non, même si pour d’évidentes raisons de sécurité, nombre d’entre-vous font d’ores et déjà de la prose sans le savoir. Pour être précis, il n’existe de fait aucune règlementation légale quant au transport des chiens à bord d’une voiture. Toutefois, l’article R412-1 du Code de la Route stipule qu’ « en circulation, tout conducteur ou passager d’un véhicule à moteur doit porter une ceinture de sécurité homologuée dès lors que le siège qu’il occupe en est équipé en application des dispositions du livre III ». D’aucuns souriront, mais, à partir du moment où la notion de passager n’est pas définie clairement, appliqué à la lettre, ce texte pourrait laisser sous-entendre qu’un chien doit être porteur d’un tel accessoire. Plus sérieusement, il faut se référer à l’article R412-6 du même code, relatif à la maîtrise du véhicule, et qui précise que « Tout conducteur doit se tenir constamment en état et en position d’exécuter commodément et sans délai toutes les manoeuvres qui lui incombent. Ses possibilités de mouvement et son champ de vision ne doivent pas être réduits par le nombre ou la position des passagers, par les objets transportés ou par l’apposition d’objets non transparents sur les vitres ». Un agent pointilleux serait alors en droit de vous verbaliser (amende de 4ème classe) s’il juge que votre chien nuit à la visibilité et/ou gêne vos possibilités d’action. Mais au-delà de toute disposition légale, c’est avant tout de sécurité dont il s’agit, sujet avec lequel on ne badine pas. Pour assurer celle-ci et être tranquille vis-à-vis des forces de l’ordre, il est de votre devoir de prendre toutes les dispositions pour que votre auxiliaire n’entrave en rien votre conduite. Si vous ne n’avez pas de véhicule utilitaire aménagé d’une cloison, ou encore de remorque dédiée, plusieurs accessoires permettent d’isoler votre compagnon, ou tout au moins l’empêcher d’évoluer à sa guise à l’intérieur de l’habitacle : grille de séparation, caisse de transport, mais aussi ceinture ou harnais venant s’accrocher aux clips des ceintures de sécurité de la voiture.

Quid des transports publics ?
Avec la SNCF, tout est possible, ou presque…Qu’il s’agisse des TGV, des Inter-cités ou des TER, la compagnie ferroviaire accepte les animaux sur toutes ses lignes à l’intérieur de l’Hexagone. Pour bénéficier de la présence de votre auxiliaire, vous devrez réserver son titre de transport en même temps que le vôtre. La SNCF, propose deux tarifs en fonction du poids de l’animal. Si ce dernier fait moins de 6 kg, vous devrez vous acquitter de la somme forfaitaire de 7€ peu importe la distance parcourue. Votre compagnon voyagera alors dans une caisse ou panier (40x30x25 cm maximum) placé sur vos genoux ou à vos pieds.
Dans le cas plus probable où votre chien serait d’un poids supérieur, il vous en coûtera 50% du prix plein tarif d’un billet de 2nde classe, calculé sur la base du barème kilométrique. Votre chien sera à vos pieds et devra être porteur d’une muselière. Par courtoisie, assurez-vous que vos voisins acceptent la présence
de ce compagnon de voyage, et, par mesure de précaution, ayez sur vous les documents nécessaires à son identification. Toujours côté transports publics, sachez que la RATP accepte sous certaines conditions la gent canine, dans le métro et le RER, mais
lui interdit l’accès aux bus. D’une manière générale, les chiens, à l’exception des chiens-guides, ne sont d’ailleurs que très rarement acceptés à voyager en autocar. Quant au taxi ou VTC, c’est au chauffeur de décider en toute subjectivité d’accepter ou non votre
animal dans son véhicule. Imaginez un instant qu’il soit allergique au poil… Dans la mesure du possible, brossez et shampouiner votre auxiliaire, afin d’éviter les mauvaises odeurs. Beaucoup de chauffeurs rechigneront en effet à faire monter un chien si leur taxi risque d’empester ensuite toute la journée. Le plus simple est par conséquent de prendre les devants, en précisant à la centrale de réservation que vous avez un chien. Moyennant un supplément, elle mettra à votre disposition un véhicule qui accepte la présence de cet animal.

Vos papiers !
Si les démarches à effectuer, et les documents à fournir, peuvent varier d’un pays à l’autre, certaines règles restent toutefois immuables. Côté papiers, ceux exigés pour un chien ne diffère guère de ceux demandés pour son maître. A commencer par le sésame incontournable qu’est la pièce d’identité. Créé en 2003 par la commission européenne dans le but d’uniformiser la règlementation des mouvements d’animaux de compagnie entre les états membres de l’Union, le passeport pour animal de compagnie a vu sa refonte en décembre 2014. L’objectif principal de ce changement étant d’améliorer encore la traçabilité du passeport et d’en empêcher les contrefaçons. Le nouveau document est mieux sécurisé (rabat plastifié, etc.) et comporte aussi des modifications, notamment un paragraphe sur la certification de la primovaccination antirabique des animaux domestiques (vaccination antirabique à 12 semaines). De couleur bleu, et standardisé pour tous les pays de l’UE, ce document unique contient, le nom du chien, sa race, son sexe, sa date de naissance, la couleur de son pelage, son n° d’identification, l’emplacement de la puce électronique, et les informations du propriétaire. Remplaçant de fait l’ancien de carnet de santé, il est possible d’y répertorier de façon facultative l’intégralité du suivi santé du chien : traitements, opérations chirurgicales, chaleurs, etc…Il est indissociable de la vie du sujet et devra obligatoirement suivre le chien en cas de cession. Ce passeport est délivré par le praticien vétérinaire, aussitôt la vaccination contre la rage effectuée ainsi que l’identification complète de votre animal. Pour mémoire, l’identification par transpondeur électronique est obligatoire depuis 2011, et reportée sur le passeport. Enfin, la plupart des pays exigeront que votre compagnon soit vacciné contre la rage, mesure qui rappelons-le ne revêt aucun caractère obligatoire en France, à l’exception des chiens dits dangereux de catégories 1 et 2. Qu’elle que soit votre destination, il est de toute façon indispensable avant tout déplacement à l’étranger d’entrer en contact avec votre vétérinaire. Car, pour certains pays, entre autres britanniques et scandinaves pour ne citer que ceux-ci, des conditions sanitaires supplémentaires peuvent être exigées : vaccinations contre des maladies autres que la rage, vermifugation récente contre les vers plats ou plus simplement certificat de bonne santé daté de quelques jours avant le départ. Plus rare, mais aussi plus compliqué, le titrage sérique est parfois demandé pour franchir certaines frontières. Ce test qui a pour but de vérifier l’efficacité du vaccin contre la rage doit être réalisé plus de 30 jours après la dernière injection, et plus de 3 mois avant l’importation temporaire. Il nécessite par conséquent une anticipation certaine. Cependant, si les rappels de vaccination antirabique sont constamment suivis dans le délai imparti, ce titrage reste valable tout au long de la vie de l’animal. Certaines destinations ont, ces dernières années, donné l’impression d’assouplir leur réglementation en supprimant la quarantaine, mais c’est au nom d’une traçabilité et d’un contrôle renforcés. Il est donc impératif de respecter à la lettre les règles, faute de quoi vous pourriez vous exposer à des mesures allant du simple retour immédiat dans le pays d’origine, à l’euthanasie de l’animal dans les cas les plus extrêmes.

Billet, s’il vous plaît !
Qui dit voyage en avion, en train ou en bateau, dit présentation d’un billet. Si en tant que bipède vous devez vous acquittez d’un titre de transport, sachez qu’il en va de même pour votre auxiliaire à quatre pattes. S’il vous venait par exemple à l’idée d’aller chatouiller scolopacidés de toutes espèces outreManche, via la route et la mer, ne soyez pas surpris d’apprendre que la législation internationale interdit l’embarquement d’animaux domestiques à bord d’un navire, mesure à l’origine évidemment sanitaire. Toutefois, une tolérance existe pour les passages par ferry. Il convient néanmoins de se renseigner auprès de chaque compagnie maritime. Rares sont en effet celles acceptant les chiens en cabine ou dans les espaces publics intérieurs. Vous devrez par conséquent soit garder votre chien en laisse sur le pont extérieur, soit sur certains navires le placer dans un chenil aux normes sanitaires règlementaires. Attention, seulement quelques cages sont prévues à cet effet, d’où la nécessité d’anticiper votre réservation. Côté aérien, sachez que votre auxiliaire aura pour obligation de voyager en soute pressurisée. Mais, si la plupart des compagnies d’envergure internationale offre cette opportunité, tel n’est pas toujours le cas des low-costs dont certaines refusent de transporter les animaux domestiques. D’un point de vue tarif, les prix que nous avons pu observer sur la toile sont le plus souvent forfaitisés et s’échelonnent entre 80 et 200 € pour un aller simple, selon la destination. Gare, car même si elles sont peu nombreuses, certaines compagnies considèrent votre compagnon comme un bagage supplémentaire, et taxe l’ensemble caisse/chien en fonction du poids ! Quoiqu’il en soit il faut garder à l’esprit qu’emmener son chien par aérien alourdit plus que sensiblement le budget billetterie. D’autant que, si vous n’en possédez pas, il vous faudra investir dans une caisse de transport aux normes et dimensions définies par la compagnie. Tout comme pour le bateau, sachez enfin que le nombre d’animaux en soute est strictement limité. D’où la nécessité, là aussi, de prévoir votre voyage longtemps à l’avance.

Les conseils du véto
Avec Philippe Cambon (Docteur vétérinaire en Vendée)
Quels conseils donneriez-vous à qui s’apprête à effectuer un long voyage avec son chien ?
Philippe Cambon : D’être à jour d’un point de vue vaccination par rapport au pays concerné. Au-delà de cet aspect règlementaire, il faut savoir que certains chiens sont sujets au mal des transports. Dans ce cas, il est préférable de ne pas nourrir votre compagnon dans les 6 à 8 h précédant le départ, et lui administrer, si besoin est, un anti-vomitif dont le dosage est spécialement adapté au mal des transports. S’il fait preuve d’un comportement anxieux ou nerveux, vous pouvez lui donner aussi un calmant afin de rendre son voyage plus agréable. Enfin, même si le pays destination ne l’impose pas, une visite chez votre patricien est conseillée, histoire de s’assurer, d’une part de la santé de votre chien, d’autre part que le transpondeur d’identification n’a pas migré et restera ainsi accessible aux autorités compétentes.
Quid de la cage de transport ?
P.C. : Suffisamment grande pour que votre chien soit à l’aise et puisse se retourner, tout en respectant les dimensions maximales, et autres contraintes, imposées par la compagnie aérienne, dans le cas où vous voler. Elle doit être propre, en bon état, construite dans un matériau solide et facile à nettoyer. 3 à 4 faces ventilées et un système d’abreuvoir sont indispensables. Ne pas oublier d’inscrire vos coordonnées complètes et sécuriser la porte à l’aide d’un cadenas.
Pour qui se rend chasser à l’étranger avec son chien, quelle trousse de premier secours préconiseriez-vous ?
P.C. : Cela dépend de la destination et des risques potentiels que vous pourrez y rencontrer. Pour faire simple, il faut au minimum une trousse contenant des gants médicaux, un désinfectant, du sérum physiologique, des sparadraps tissus, des compresses stériles, des bandes extensibles, des ciseaux et une pince médicale. Sans oublier un lien pouvant servir à museler l’animal.

Le regard du voyagiste
Avec Yann Legrand (Esprit Migrateur)
En tant qu’organisateur de séjours petit gibier en Ecosse, en Uruguay ou encore en Roumanie, acceptez-vous les chiens de vos clients ?
Yann Legrand : Si tel est leur souhait, nos clients ont en effet la possibilité de voyager avec leur chien sur la quasi-totalité de nos destinations petit gibier. La plupart de nos partenaires réceptifs, n’y voit normalement aucune difficulté, et certains disposent même de structures permettant d’accueillir si nécessaire les auxiliaires des globe-chasseurs.
Emmener son propre chien lors d’un séjour cynégétique présente-t-il selon vous un intérêt ?
Y.L. : D’un point de vue résultats aucun, puisque nous disposons sur place d’auxiliaires performants et affûtés aux divers types de chasse pratiqués. Je conçois toutefois parfaitement le plaisir que peut ressentir le chasseur à évoluer sur de nouveaux territoires avec son propre chien. Même si, selon les cas, cela peut s’avérer un handicap. A titre d’exemple, pour qui souhaite pratiquer la chasse des canards et des oies à la passée, emmener son retriever ne présente pas de difficulté majeure, à l’exception des conditions météo souvent plus rudes que chez nous. A contrario, vouloir chasser les grouses devant soi avec son chien d’arrêt est souvent voué à l’échec. Méconnaissance d’un gibier on ne peut plus piéteur, biotope différent sont autant de difficultés que le chien non initié aura du mal à maitriser en l’espace de quelques jours.
Si vous aviez un conseil à donner à qui veut emmener son chien…
Y.L. : S’assurer déjà que celui-ci a bien les capacités physiques et mentales pour une telle aventure. Il doit par ailleurs être parfaitement dressé et disposer d’un rappel sans faille. Rien de plus désagréable pour un groupe qu’un chien brouillon et sans rappel, faisant tout voler au détriment de la chasse.

L’avis de l’expert
Avec Alexandre Desfontaines (agent AXA)
D’un point de vue général, la responsabilité civile inclue dans la multirisques habitation suffit-elle pour couvrir les dommages causés par un chien de chasse à 1/3 ?
Alexandre Desfontaines : Concernant votre chien, il faut distinguer deux situations : hors action de chasse et en action de chasse. Dans le premier cas, tous les dégâts, dommages ou accidents qui pourraient lui être imputés, sont pris en charge par votre responsabilité civile, prévue dans votre contrat multirisques habitation. Dans la seconde situation cette dernière n’opère plus. C’est l’assurance responsabilité civile chasse, qui rappelons-le est obligatoire, qui prendra en charge les dégâts occasionnés par votre chien à l’occasion d’une action de chasse.
L’assurance chasse couvre-t-elle les dégâts imputables à mon chien en action de chasse à l’étranger ?
A.D. : Il convient de vérifier dans les conditions générales de votre contrat les limites territoriales et le respect des lois locales. A titre d’exemple, nos garanties pour la responsabilité civile et l’individuelle contre les accidents corporels chasse s’exercent en métropole, en Andorre, à Monaco et dans les DOM-TOM. Dans les autres pays sous réserve de la souscription d’une extension de garantie et la souscription d’une assurance locale lorsque cette dernière est obligatoire.
Dans le cas d’un accident de la route liée à la présence du chien à l’intérieur du véhicule, la compagnie peut-elle refuser les dédommagements en vertu du non-respect de l’article R412-6 du code de la route ?
A.D. : Les compagnies peuvent se garder le droit de refuser l’indemnisation si certaines infractions graves ont été constatées, défaut de permis, alcoolémie positive, usage de stupéfiants, etc… Néanmoins, l’assureur ne pourra pas se prévaloir de l’exclusion de garantie des dommages subis, ou de la responsabilité de son assuré au titre de cet article, si les conditions générales du contrat ne stipulent pas cette exclusion.

L’avis du voyagiste
Yannick Audibert, agence CPLV
Parmi vos destinations, lesquelles attirent-elles le plus de clients avec leur chien, et pour quelles raisons ?
Yannick Audibert : La plupart de ces chasseurs ont pour objectif le dressage d’un chien montrant déjà de bonnes aptitudes. On retrouve en premier lieu les destinations bécasses à savoir Bulgarie, Croatie, Bosnie et Irlande ; pays qui restent des valeurs sûres pour cet oiseau. Concernant l’Irlande, il faut privilégier le transport de son chien par bateau, car le frêt aérien est très cher. Autre catégorie, les aficionados de la perdrix rouge qui se rendent en Espagne avec pour objectif de multiplier les arrêts étant donné les belles densités d’oiseaux. Ceux-ci voyagent généralement en voiture.
Pour l’organisateur que vous êtes, quelles sont les difficultés que vous rencontrez lorsqu’un client souhaite emmener son chien ?
Y.A. : Il nous faut recueillir les bons renseignements auprès des autorités gouvernementales et des services vétérinaires de chaque pays. Il peut y avoir des changements d’une année à l’autre… Par ailleurs, les compagnies réservent un nombre de places limité pour les chiens (4 ou 5), d’où la nécessité pour le client de s’y prendre à l’avance. Sachez enfin, que certaines compagnies, pas toutes, vous obligent à récupérer et à réenregistrer votre chien à chaque escale. Les difficultés sont moindres dès lors que nous avons une bonne expérience sur la destination et que les clients sont compréhensifs et réactifs.
Si vous aviez un seul conseil à donner…
Y.A. : Etre à jour des vaccins et des rappels. Après la première injection, je conseille de faire, par anticipation, un titrage sérique qui sera valable tout au long de la vie du chien. Enfin, le chasseur possédant un jeune chien doit partir avec l’idée de mettre la priorité sur le dressage et non le tableau. Quoiqu’il en soit cet auxiliaire devra avant le départ faire preuve de discipline et d’obéissance, sinon gare à la frustration.

Christophe AUBIN