Les cas de piroplasmose détectés par les vétérinaires ne sont pas en régression, loin s’en faut. Le point sur cette parasitose due aux tiques, d’une gravité extrême et qui, sans soin rapide, conduit à des séquelles irréversibles, voire bien souvent à la mort du chien.

Piro, qui sont les assaillants ?
La piroplasmose, appelé également babésiose, est une maladie d’origine parasitaire transmise au chien par la morsure de certaines tiques. Parmi la famille des ixodidés, qui comportent en France plusieurs espèces, ce sont Dermacentor reticulatus et Rhipicecephalus sanguineus qui sont responsables du parasite microscopique Babesia canis. Pour l’anecdote, si celui-ci porte aussi le nom de piroplasme, c’est parce que, sous le microscope, il présente indéniablement une forme de poire.
Le bal des vampires
Dotée de récepteurs sensoriels sur ses antérieurs, la tique perçoit la chaleur et l’odeur émises par sa proie, avant de se laisser tomber sur elle. Elle va alors rechercher de préférence une zone riche en vaisseaux et à la peau fine. Introduisant son rostre sous le derme, elle commence à aspirer le sang tout en émettant des secrétions salivaires stoppant la coagulation. C’est au cours de ce repas hématophage qu’elle peut inoculer le parasite Babesia canis contenu dans sa salive. Une fois dans le sang les piroplasmes pénètrent les globules rouges et s’y divisent avant de les faire littéralement éclater. En résulte une intoxication hépatique et/ou rénale par les déchets de ces hématies détruites.
Au nord…et au sud
Il suffit de superposer les cartes de répartition des deux espèces d’acariens incriminées, pour comprendre que la piroplasmose peut frapper sur la quasi-totalité du territoire national. Néanmoins, selon des sources vétérinaires, le Sud-Ouest et la périphérie du massif central sont des régions plus fortement touchées par la maladie. Hors frontières cette parasitose est fréquente dans le nord et l’ouest de l’Espagne, en Europe centrale et orientale, et jusqu’aux pays baltes. Des cas ont même plus récemment été observés au Royaume-Uni.
Les châteaux de Dracula
Les milieux les plus favorables à la présence de Dermacentor reticulatus sont les biotopes forestiers ou péri-boisés. L’espèce affectionnant particulièrement les broussailles, buissons, landes ou herbes hautes bordant forêts et jardins. Quant à sa cousine endophile Rhipicephalus sanguineus, elle préfère les espaces confinés et se reproduit dans les nids, les terriers, les chenils, voire même les maisons.
Quand naît le doute…
Si dans les 4 à 8 jours suivant une sortie, votre chien manque d’appétit, présente une grande fatigue, et de l’anémie (babines blanches, décoloration de la conjonctive) il y a lieu de s’inquiéter. D’autres symptômes assez marqués tels une forte fièvre (41°) et des urines de coloration anormale (orange à marron) sont tout aussi évocateurs. Attendre pour constater l’évolution est l’erreur à ne pas commettre car, durant ce temps, le piroplasme ne cesse de se diviser. Il est donc impératif de consulter le vétérinaire dès les premiers signes.
Confirmer le diagnostic
Si ces premiers symptômes permettent de suspecter la piroplasmose, le diagnostic doit toutefois être confirmé par des tests complémentaires. Ces signes cliniques peuvent en effet être la résultante d’une toute autre pathologie parasitaire, telles l’ehrlichiose- transmise elle aussi par les tiques – ou la leishmaniose – imputable au phlébotome – pour ne citer que celles-ci. Le diagnostic définitif repose sur la mise en évidence du parasite dans le sang de l’animal supposé atteint. La méthode la plus couramment utilisée est le frottis sanguin. Le praticien étale une goutte de sang sur une lame de verre et l’observe au microscope afin de mettre en évidence le piroplasme. Mais gare, si aucun de ces parasites n’est visible, cela ne signifie pas pour autant que le chien n’est pas infecté. En clair, ce test permet de confirmer rapidement le diagnostic, mais ne donne aucune indication lorsqu’il s’avère négatif. Autre technique de mise en évidence, la PCR, méthode de biologie moléculaire d’amplification d’ADN, test plus sensible certes, mais qui nécessite l’envoi du prélèvement à un laboratoire spécialisé.
Soigner
En fonction du stade d’évolution de la maladie, le praticien met en place un traitement à base d’injections d’imidocarbe dipropionate, accompagné de perfusions destinées à réhydrater l’animal et à lutter contre d’éventuelles complications hépatiques et rénales. Ce piroplasmicide permet de détruire le parasite et s’avère d’une efficacité rapide dès lors que la maladie est prise à temps. Malheureusement, dans les cas plus compliqués, portant atteinte au foie ou aux reins, et lorsque l’on constate une destruction des globules rouges après l’élimination du parasite, il est indispensable de mettre en place un traitement beaucoup plus lourd. Des transfusions peuvent ainsi être prescrites pour compenser le manque d’hématies. Un pronostic plus qu’incertain
Faute d’un traitement rapide le chien infecté par Babesia canis n’a hélas que peu de chances de survivre. Etant donné le risque important de séquelles, tant au niveau du foie que des reins, le pronostic reste, quoiqu’il en soit, toujours réservé. Nous ne le répèterons jamais assez, plus la prise en charge est précoce, meilleures sont les chances de récupération.
Prévenir par la vaccination.
Compte-tenu de la gravité de cette parasitose, il s’avère impératif d’avoir recours à certaines mesures préventives. Côté prophylaxie, il existe un vaccin, certes coûteux, administrable dès l’âge de 6 mois. La primo-vaccination se fait par 2 injections à intervalle de 3 à 4 semaines. L’immunité n’est confirmée qu’au bout de 3 semaines, et nécessite un rappel annuel, voir bi-annuel selon le risque d’exposition (région, activité du chien). Bien que relativement efficace, ce vaccin ne protège malheureusement pas contre toutes les souches du parasite. D’où la nécessité d’un certain nombre d’autres mesures.
En complément…
Par conséquent, nous ne saurions trop vous conseiller d’utiliser un antiparasitaire externe permettant de prévenir contre l’infestation par les tiques. Il en existe plusieurs variantes : colliers, sprays, pipettes, et désormais comprimés à croquer. D’avis de vétérinaire, ces 2 dernières solutions sont de loin les plus efficaces. Concernant le Bravecto (comprimé) sa substance se diffuse dans le sang et agit comme un parasiticide. En mordant l’animal la tique ingère une infime quantité de sang et meurt dans les 12 heures. Or, l’inoculation du parasite ne débute que 48 heures après le début du repas de l’acarien hématophage.
Pensez-y !
Si la vaccination, combinée à l’utilisation d’un antiparasitaire externe, permet au chasseur d’être beaucoup plus serein quant à la santé de son chien, il n’en reste pas moins qu’une inspection s’impose au retour de chaque sortie. Pensez à coiffer votre compagnon à l’inverse du poil et à fouiller la fourrure avec un peigne à denture serrée et vos doigts. Si vous détectez la présence d’une tique, il est indispensable de l’enlever à l’aide d’un crochet spécial appelé « tire-tiques ».
Christophe AUBIN