Tout ouïe !\nOtite ? Tendez l’oreille…

Votre compagnon se gratte sans cesse les oreilles, secoue régulièrement la tête ou a les oreilles sales ? Autant de signes qui doivent vous mettre la puce à l’oreille ! Le point complet sur les otites canines qui touchent bon nombre de nos auxiliaires, et qui ne sont pas sans conséquence sur leur santé.

Petit cours d’anatomie
Bref rappel d’anatomie, l’oreille du chien se compose de 3 parties distinctes : l’oreille dite externe comprenant le pavillon et le conduit auditif, l’oreille dite moyenne incluant la caisse du tympan, le tympan et ses 3 osselets que sont marteau, enclume et étrier ; et enfin, l’oreille interne composée du labyrinthe, de la cochlée et de l’appareil vestibulaire. L’oreille externe, en forme de L chez le chien comme chez la plupart des carnivores, est l’organe de perception des ondes sonores qui seront transmises ensuite par l’oreille moyenne. L’oreille interne assure quant à elle la transduction du son perçu en un signal électrique, et joue un rôle prépondérant dans l’équilibre du corps dans l’espace.

Otite, quésako ?
Une otite se traduit par une inflammation de la membrane qui tapisse l’oreille. Très douloureuse pour le chien, elle peut toucher l’oreille interne, moyenne ou externe. De la même façon, elle affectera une seule ou les deux oreilles. Toutefois, l’otite dite externe reste la forme la plus répandue chez nos auxiliaires, et représente à elle seule près de 10% des consultations vétérinaires.

Warum ? Sag : Warum ?
Outre leur localisation, il n’existe pas une, mais des otites, tant leurs causes peuvent être diverses :
•L’allergie : Plus de 50% des chiens présentant des allergies alimentaires ou saisonnières souffrent ainsi d’otites de type externe et bi-laté-
rale. Ce type d’inflammation auriculaire étant par ailleurs bien souvent le seul et unique symptôme de ces allergies.
•Les germes pathogènes : Des bactéries (Staphylocoques Pseudomonas) ou des levures (Malassezia Pachydermatis) peuvent coloniser l’oreille en lieu et place des germes nécessaires à la constitution de la flore naturelle de l’oreille. Leur prolifération est due à un coup de froid ou à un manque d’aération de l’oreille.
•L’infection parasitaire : Les parasites les plus fréquemment rencontrés dans l’oreille du chien sont Otodectes Canis et Demodex Canis, respectivement responsables de la gale auriculaire et de la démodécie. Ces micro acariens se multiplient dans le conduit auditif en se nourrissant de débris cutanés, de sang et de cérumen, et provoquent chez le chien de très fortes démangeaisons.
•Les corps étrangers : Débris végétaux, sable, bourre de poils ou encore épillets sont autant d’éléments extérieurs pouvant être les causes primaires d’une otite externe. Du fait de leur tendance migratrice, les épillets sont particulièrement dangereux et peuvent créer des lésions du tympan et provoquer une otite moyenne, voire interne.
•Mais aussi… : Une tumeur du conduit auditif, des polypes inflammatoires, des maladies auto-immunes ou encore l’hypothyroïdie peuvent également favoriser le développement d’otites.

Inégalités raciales
Les hommes naissent, parait-il, libres et égaux…
En serait-il de même pour leurs meilleurs compagnons ? Que nenni, face aux otites. Du fait de diverses particularités anatomiques, certaines races sont en effet plus prédisposées que d’autres à des maladies et problèmes auriculaires. Il s’agit en général des chiens dotés d’oreilles tombantes, comme par exemple le setter ou les types basset. Le pavillon recouvre l’entrée du conduit, ce qui favorise la macération, et facilite le développement de nombreux germes. Raison pour laquelle on coupait par le passé les oreilles de certaines races. De la même façon, la présence de poils abondants au niveau de l’oreille, comme chez le cocker, prédispose également aux otites. Enfin, certaines races, à l’instar du labrador ou du springer sont réputées produire d’importantes quantité de cérumen, et offrent donc un terrain favorable au développement de pathologies auriculaires.

D’autres facteurs prédisposant
L’humidité et l’environnement sont des facteurs pouvant jouer un rôle prépondérant dans l’apparition d’une otite. Exemple typique, celui du chien qui va régulièrement à l’eau. La baignade peut induire une macération dans l’oreille qui favorise ensuite la colonisation par des germes opportunistes. Plus que quiconque, le sauvaginier devra donc être particulièrement attentif aux oreilles de son retriever. De la même façon, les séjours en chenil, dans des environnements humides et chauds peuvent être facteurs d’apparition d’otites, tout comme les courants d’air. Raison pour laquelle, il est fortement déconseillé de laisser son chien passer la tête à la fenêtre de la voiture.

Quand s’inquiéter ?
Selon le type d’otite, et son stade d’évolution, divers symptômes peuvent être observés et mettre en alerte le propriétaire : de fortes odeurs émanant de l’oreille ; des rougeurs au niveau du pavillon externe ; des excès de cérumen ; des secrétions jaunâtres, brunâtres ou noirâtres ; un chien qui se gratte les oreilles, qui secoue de façon intempestive la tête ou la garde penchée ; une perte de l’audition, sont autant de signes qui doivent aussitôt vous alerter.

Diagnostiquer
Au moindre doute, une visite immédiate chez le vétérinaire s’impose. Celui-ci explorera le conduit auditif grâce à l’utilisation d’un otoscope, permettant de mettre en évidence d’éventuels corps étrangers et d’évaluer les modifications de l’aspect du cérumen. Un prélèvement de ces exsudats et leur observation sous le microscope renseignera le praticien quant à la présence de bactéries, de parasites ou de levures.

Quel(s) traitement(s) ?
Le vétérinaire prescrira un traitement en fonction, d’une part de la localisation de l’otite, mais aussi de sa cause primaire. Le traitement d’une otite externe débutera avant tout par un nettoyage complet du pavillon et du conduit avec une solution adaptée. En cas de présence d’un corps étranger, le praticien procédera à son retrait qui pourra éventuellement nécessiter une anesthésie. Dans les cas de germes pathogènes ou de parasites, des antifongiques et/ou des acaricides, voire des antibiotiques devront être administrés. S’il s’agit d’une otite de type allergique, il deviendra primordial d’identifier l’agent allergène, afin d’éviter, ou tout au moins minimiser, tout contact futur. Une désensibilisation pourra, si nécessaire, être envisagée. Enfin, les cas de tumeurs ou de polypes pourront être traités par une opération chirurgicale.

Contagieux…ou pas
Là encore tout dépend de la cause primaire. Si nombre d’otites ne présentent pas de caractère contagieux, celles liées à des infections parasitaires, et plus particulièrement la gale auriculaire, possèdent un fort pouvoir migrateur. Dans le cas d’un chenil, ou de plusieurs chiens à la maison, il conviendra par conséquent de traiter tous les sujets. Sachez toutefois que la gale d’oreille du chien n’est pas transmissible à l’homme.

De retour de la chasse
La végétation arbustive de type ronce ou épine noire, les arbres abattus, les rochers, pour ne citer que ceux-ci sont autant de facteurs agressifs pour l’épiderme de notre compagnon, et plus particulièrement pour la peau fine de ses oreilles. Aussi, vous faudra-t-il, après chaque sortie, vérifier l’état de celles-ci. Brossez la face externe afin d’enlever tous les déchets végétaux accrochés dans les poils, et vérifiez qu’aucun corps encore étranger n’obstrue le canal auditif. Nous l’avons déjà évoqué, gare aux épillets qui sont tout aussi dangereux pour l’oreille qu’ils peuvent l’être pour les espaces interdigitaux. Enfin, désinfectez et soignez toutes les plaies et coupures que vous pourrez observer. Vous éviterez ainsi bien des risques d’inflammations auriculaires.

Entretenir pour prévenir
Pour éviter les infections de l’oreille et permettre à votre chien de garder toutes ses capacités auditives, une inspection attentive et un entretien régulier s’imposent. De nombreux produits de nettoyage des oreilles sont disponibles sur le marché, que ce soit sous forme de liquide ou de gel. Aussi, n’hésitez pas à demander conseil à votre vétérinaire. Flacon ou pipette en mains, tirez sur le pavillon afin de tendre l’oreille et dégager au mieux le conduit auditif. Instillez alors le produit, puis massez quelques secondes la base de l’oreille. Une fois lâché, votre compagnon aura irrésistiblement le réflexe de secouer la tête. Un geste qui aura pour conséquence de décoller et faire remonter les impuretés. Nettoyez ensuite celles-ci à l’aide d’une compresse, ou d’un morceau de coton, en évitant les cotons tiges réservés au genre humain, qui pourraient repousser le cérumen vers l’intérieur ou, pis encore, endommager le tympan. Renouvelez cette opération, jusqu’à disparition totale de toutes les impuretés. De telles ablutions sont à prévoir au minimum une fois par mois pour les chiens à oreilles droites, et tous les 15 jours pour ceux dotés d’appendices auditifs tombants. Pour les races aux oreilles longues et poilues, un rasage de la face interne peut, de la même façon, s’avérer un bon moyen de protection. Nous ne le répèterons jamais assez, mieux vaut prévenir que guérir. A bon entendeur…

Christophe AUBIN